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Ma déroutante visite du musée du KGB de Prague

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Un musée du KGB, à Prague. Pourquoi pas. Pour rappel, le KGB n’a jamais eu de bureau ici. La Tchécoslovaquie avait sa propre police politique, la Sécurité d’Etat Tchécoslovaque. Mais bon. Les commentaires sur Trip Advisor de ce musée (qui n’est donc pas vraiment à sa place à Prague) avaient l’air plutôt bons. Allez hop, c’est parti.

J’arrive devant la devanture du musée. Une petite vitrine avec les trois lettres K G B en rouge et un slogan « Just facts, come and see ! » (Juste des faits, venez et regardez!). Hum. Pourquoi un musée devrait-il informer ses visiteurs que les informations qu’il contient sont bien vraies ?

J’entre. Le tarif de la visite est écrit à la main sur un bout de papier : 300 couronnes tchèques. Soit presque 11 €. Ah oui, quand même! Pas tout à fait donné… Le maître des lieux se présente. Cheveux coupés ras, cicatrices sur le visage et les bras, accent très prononcé. Originaire de Russie, il s’est installé à Prague il y a un bout de temps. Deux Autrichiens arrivent. Ils feront la visite avec moi.

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Le musée n’a pas l’air très grand. A vrai dire, cela ressemble à la présentation d’une collection privée. Ce que confirme le propriétaire. « J’avais 11 ans quand j’ai acheté mon premier objet. J’en ai 48 aujourd’hui », me lance-t-il, fièrement.

Le Russe commence la visite par une brève introduction sur les origines du KGB, qui remontent à 1917. Il donne quelques éléments de contexte, comme octobre rouge (« ce super octobre », s’enflamme-t-il) où les bolcheviks sont arrivés au pouvoir en Russie. Il parle à toute vitesse, en mélangeant russe et anglais. Les autrichiens et moi le regardons, un peu sonnés.

Cinq minutes plus tard, je me retrouve avec un AK-47 entre les mains. C’est pas tout léger dis donc ! Tout au long de la visite, le Russe nous montre plusieurs armes utilisées par les agents du KGB… avec parfois quelques démonstrations et le petit cri de guerre qui va avec ! Je jette un coup d’œil aux autrichiens… avant de pouffer de rire.

Le Russe nous commente les dizaines d’objets, dignes d’un roman d’espionnage : des mini-appareils photos, des paquets de cigarettes contenant des munitions cachées, des objets de décorations cachant de la drogue, des poisons etc. Notre guide exhibe avec fierté ces objets, tout en louant la créativité de ceux qui les ont inventés.

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Dans la pièce suivante, une portion de mur est consacrée aux goulags, ces camps de travail forcés où étaient envoyés les dissidents du régime. Sur une grande carte de l’URSS, des dizaines de petits points montrent où se trouvaient ces camps. En dessous, un habit de prisonnier côtoie la veste d’un gardien. Le Russe ne s’attarde pas sur le premier mais encense le second. « C’est du très bon cuir, c’est très chaud, regardez ! » lance-t-il en touchant du bout des doigts le manteau. Euh ok. Et sinon, les un million de personnes envoyées dans les goulags, on en parle ou bien… ?

Le guide parle de la formation des agents du KGB. Je commence à poser une question mais il m’interrompt et place son index devant ses lèvres. Après un bref silence, il reprend son commentaire. Ok. Je viens de me prendre un gros vent.

On arrive devant un grand drapeau rouge, avec les 15 anciennes républiques de l’URSS. « Malheureusement, maintenant chacun de ces états sont indépendants », commente le Russe. Ben voyons ! On avait compris qu’il était un tantinet nostalgique de l’ère soviétique mais là, ça a le mérite d’être clair…

Je jette un coup d’œil à une série de photos. On y voit des agents du KGB à Prague, faisant du tourisme. Une photo avec les copains par-ci, une autre avec une statue par-là… Je lis le commentaire de la série : « le coup de Prague, vu par un agent du KGB ». Ah. Donc, pendant que les chars soviétiques réprimaient des centaines de manifestants, les agents du KGB visitaient la ville? C’est sûr que ça change des photos qu’on a l’habitude de voir sur le Coup de Prague de 68…

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La visite se termine. Comme je m’en doutais, le musée n’est vraiment pas grand : deux pièces en tout et pour tout ! Le prix du ticket d’entrée me paraît alors encore plus élevé pour ce qu’il y a à voir.

Bien décidée à poser ma question, je me tourne vers lui. Il paraît plus à l’écoute.

Moi : « Combien d’agents du KGB y avait-il au début de la guerre froide ?

Le Russe : Personne ne sait. C’est dans les documents top-secrets.

Moi : Ça n’a pas été déclassifié ?

Le Russe : Non. Et puis, pourquoi faire ?

Moi : Ben, on pourrait y apprendre des trucs intéressants non ? »

Il me regarde fixement. Puis hausse les épaules.

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